Le périodique « La vie à Saint-Michel » et le périodique « Relais »
En introduction à l’article ci-dessous (voir le Relais de juin 2025) de Christian Cherdon (Rhéto 1963), voici quelques précisions.
Le 1er octobre 1960, sort le 1er numéro de la Revue du Collège « La vie à Saint-Michel ». Le Père Georges Lafontaine, fondateur du Collège, est le directeur (1955-1969). La revue existera jusqu’en 1968 et sera ensuite remplacée par le périodique trimestriel le « Relais » dont le 1er numéro sortit en avril 1969 sous l’égide du Père Thierry Ledoux, directeur (1969-1982).
Sans doute serez-vous surpris d’apprendre que, de 1955 à 1968, le Collège Saint-Michel, au-delà d’être considéré comme « Collège », était administrativement dénommé « Institut Saint-Michel ». Le terme « Institut » a officiellement disparu en 1968.
Extrait de l'édition spéciale du Relais de décembre 2023 :
« [...] De 1955 à 1968, l’appellation Collège Saint-Michel prévaut dans les esprits. Du point de vue administratif, il fallait comprendre Institut Saint-Michel. En 1968, le terme administratif "Institut" est officiellement remplacé par "Collège". Et la dénomination Collège Saint-Michel du Chapois est préférée aux autres propositions de "Communauté éducative du Chapois" et "Centre scolaire du Chapois" ».
→ Historique du Collège Saint-Michel du Chapois
→ Christian Cherdon se souvient...
RELAIS, cauchemar orthographique
Depuis des années, notre périodique Relais étale en toute élégance son titre en couverture, suivi de l’intitulé Bulletin de liaison du Collège Saint-Michel de Gosselies, avec la mention Année 55. Le titre mérite sans doute qu’on s’y attarde. De 1955 jusqu’en 2025, il a dû se passer bien des choses.
Si le mot bulletin ne nous est pas étranger, ce Relais avec un s au singulier parait cependant bien étrange. À y regarder de plus près, il y a de quoi se poser des questions. En effet, dans les familles de mots qui ont cette même terminaison orale [è], écrite -ai, on découvre les paires balai/balayer, déblai/déblayer, essai/essayer, et logiquement, on devrait également trouver… relai/relayer !
Dès lors, relai ou relais ? Cauchemar orthographique ! Au passage, on notera que cauchemar en est un lui aussi, puisqu’il est dépourvu d’un d final, qui apparait pourtant dans cauchemarder, cauchemardesque comme dans les paires bavard/bavarder, cafard/cafarder, canard/canarder… Une enquête rapide nous apprendra que c’est par ressemblance avec ces mots en -ard auxquels on ajoute un suffixe qu’ont été formés, avec un d, cauchemarder et cauchemardesque, alors que cauchemar s’écrit sans d !
Mais, qu’en est-il donc de ce relais qui se termine par s ? L’enquête, à la manière de Sherlock Holmes, nous amène à parcourir à la loupe l’article Relai dans le Dictionnaire historique de la langue française d’ALAIN REY (ROBERT). On y lit que relai renvoie à relayer (1880), écrit relaier au XIIIe s. On découvre qu’au XVIIe s. relayer quelqu’un, c'est remplacer quelqu’un. Qu’au XIXe s., relais est employé en mécanique et en électricité, qu’il a fait son apparition dans le sport (1869) dans ‘’course de relais‘’ (où 4 coureurs se passent successivement un témoin). Qu’au XXe s., relais désigne en plus une station de radio ou de télévision, un satellite de télécommunication qui sert à retransmettre des ondes à un autre émetteur, que dans le même sens de transmission, on parle de ‘’relayer une information‘’. Ce qui est, à n’en pas douter, le sens premier de notre périodique du Collège, appelé à l’origine ‘’LA VIE À SAINT- MICHEL‘’ (1960) et par la suite ‘’LA VIE AU COLLÈGE SAINT-MICHEL GOSSELIES‘’ (1962)*.
Quant au mot relai, dans le dictionnaire historique, il est rappelé qu’il s’agit bien de relai sans s ! Il est ensuite expliqué que le mot a été altéré en relais avec un s final, du verbe relaisser, se relaisser, terme de chasse pour ‘’s'arrêter de fatigue‘’ à propos du repos des chiens (chasse à courre, XVIe s.) Il est ajouté que relais a également été employé dans l’appellation ‘’relais de poste‘’, lieu où les chevaux se reposaient ou étaient remplacés par d'autres.
L’enquête ne s’arrête pas là ! En 1976, l'Académie française recommande d’écrire relai sans s par analogie avec délai. Et en 1990, sans surprise, les ‘’Rectifications de l’orthographe‘’ actent cette orthographe relai sans un s final.
Plus avant, dans son livre La ''nouvelle'' orthographe, Exposés et commentaires, Duculot, 1991, le professeur de l'UCL ANDRÉ GOOSSE, qui a participé aux travaux des Rectifications de l’orthographe en tant qu’expert au sein du Conseil supérieur de la langue française, précise que « Relais sert de nom à relayer, ce que l’s occultait. La graphie refaite, relai, peut être aussi rapprochée de délai, ainsi que des paires balai/balayer, essai/essayer, etc. » (p.77).
Voici enfin résolu le mystère de l’orthographe du mot relais qu’il est recommandé aujourd’hui d’écrire relai sans s, même si les deux orthographes coexistent. Mais soyez rassurés, on ne va pas changer le titre de notre revue! Faisant appel sans délai à la grammaire française qui a plus d’un tour dans son sac, rien ne nous empêche de considérer que notre RELAIS est le pluriel de RELAI ! Ainsi délivré d’un choix cauchemardesque, ce titre devient de fait et de droit le lieu de tous ces relais d’informations qui unissent les Anciens du Collège Saint-Michel du Chapois !
Christian Cherdon (Février 2025)
-------------